Hanoi aux yeux d’un Européen

À Hanoi, si je ne veux pas marcher, je vais rouler. Dans cette ville, les gens utilisent des motos pour rouler et des voitures pour se faire valoir, car la voiture peut être beaucoup plus lente que la moto à Hanoi, mais beaucoup de gens achètent encore la voiture dans un but de se faire remarquer.

Hanoi

Ma chérie,

Je suis arrivé à Hanoi depuis deux semaines. Comme tu le sais probablement, deux semaines dans la vie d'une personne n'en valent pas la peine, mais je crois que deux semaines ici m’apportent plus d'émotions que vingt ans partout dans le monde. Notre monde est vaste et exotique, et Hanoi a ces deux qualités en même temps. Hanoi est encore tellement étrange et glorieusement vaste.

Ce n'est pas une très grande ville, mais évidemment tous ceux qui y vivent en sont fiers. Cette fierté a de nombreuses expressions, par exemple il y a beaucoup de plats fièrement nommés avec le mot ‘’Hanoi’’: Phở Hanoi, fruits confits Hanoi, gâteau Hanoi pour la fête de la mi-automne…Les gens sont fiers de dire qu’il sont Hanoïens. C'est peut-être la seule ville qui a des intellectuels, des agriculteurs, des immigrants, des non-résidents et des Hanoïens.

Cette ville a un super climat, ni chaud ni froid, ni trop ensoleillé ni trop pluvieux. Et il y a un silence difficile à décrire à Hanoi. Si à minuit, tu as l'occasion de marcher sur le trottoir, d'entendre clairement tes pas et d'entendre le bruissement des feuilles sur ta tête - l'odeur des fleurs de Hoa Sữa (ça se sent comme du lait frais!), je suis sûr que tu auras une sensation qui t’étouffe légèrement.

L'architecture ici est ancienne, moderne, mi-ancienne, mi-moderne, voire un mélange extrêmement riche, par exemple, la colonne est ancienne et le toit est moderne. Ceci est plus évident dans les zones nouvellement construites le long de la digue. Je trouve qu'il est extrêmement regrettable de payer pour visiter les bâtiments en Grèce et à Rome. Je n’ai besoin que d’aller à Quang Ba pour tout voir.

J’adore déambuler souvent avec excitation dans les vieilles rues du centre de Hanoi. C’est intelligent de se promener à pieds parce que c’est la meilleure façon de sauter, de courir, de marcher sur la pointe des pieds ou de se faufiler dans toutes sortes de véhicules, lumières, stands qui sont riches, vibrants, désordonnés, suspendus de tous côtés.

Je n'aurais jamais imaginé qu'on pourrait emballer autant de choses et exposer autant de choses sur un trottoir aussi étroit à Hanoi. Si j’étais le propriétaire d'un bateau traversant l'océan, j’inviterais un habitant de la rue Hang Ngang ou de Hang Dao à devenir capitaine car il pourrait embarquer un million de passagers sur un navire pouvant transporter une centaine de personnes.

Bien que la marche soit pénible à Hanoi mais je ne me fatigue jamais car il suffit de bouger de quelques mètres pour pouvoir m'asseoir, me reposer dans un salon de thé sur le trottoir. Tout le monde pense que la cérémonie du thé au Japon est championne. Ils se trompent. La tasse de thé à Hanoi est une vraie religion.

Du jeune garçon au vieil homme, du transporteur avec le cyclo-pousse au médecin…ils peuvent tenir une petite tasse de thé dans la main, s'asseoir toute la journée pour en boire, goutte à goutte, patiemment (car si on ne boit pas chaque goutte, il n'y a pas moyen de s'asseoir si longtemps!). Assis là, à travers les histoires échangées entre eux, je connais aussi toute la situation du Moyen-Orient, le prix de l'or, le prix du dollar, qui va être le président des États-Unis et qui va devenir la Miss de Beauté.

Ce n'est évidemment pas un pub ordinaire, mais une station de radio volontairement dirigée par des gens qualifiés et enthousiastes. Je crois même que, si tu me trompes en partant avec quelqu’un à Paris, je n’ai besoin que d’être assis juste à un bar à thé sur le trottoir à Hanoi pour connaitre toutes les nouvelles du monde qui peuvent encore se répandre d’une manière ultra-rapide.

À Hanoi, si je ne veux pas marcher, je vais rouler. Dans cette ville, les gens utilisent des motos pour rouler et des voitures pour se faire valoir, car la voiture peut être beaucoup plus lente que la moto à Hanoi, mais beaucoup de gens achètent encore la voiture dans un but de se faire remarquer.

Je ne sais pas comment traduire ‘’se faire remarquer’’ en anglais, mais en vietnamien, ce mot est très important. Bien que ‘’se faire remarquer’’ ne soit pas la nourriture, ni l'eau, ni les vêtements…Pourtant, beaucoup de gens préfèrent ne pas manger, plutôt ne pas boire, et plutôt ne pas porter de vêtements mais ils sont déterminés à‘’se faire remarquer’’. Ils ont la capacité de faire des économies pour gaspiller à l'infini pour ‘’se faire remarquer’’ mais pas pour autre chose.

Pour conduire une moto à Hanoi, selon moi, le plus important  est que ce n'est pas la peine de connaître le code de la route, mais il faut savoir klaxonner et ne pas être surpris d'entendre quelqu'un d'autre klaxonner. Jour et nuit, le klaxon sonne à chaque coin de rue, à chaque ligne d'arbre, dans chaque rue, devenant une chanson majestueuse et sans fin. Maintenant, en débarquant à Paris, si je n'entends plus le klaxon, je vais penser que c'est une ville fantôme. Comme toutes les villes modernes, il y a des embouteillages à Hanoï, et comme tous les autres, quand il y a les embouteillages, il faut grimacer. Mais avec une créativité innée et une grande agilité, les habitants de Hanoï ne sont pas assis tranquillement pour lire ou pour prier dans les embouteillages.

Ils se précipitent sur le trottoir, roulent dans la petite allée et si possible «galopent» jusqu'au sommet de l'arbre. Tout le monde roule et tout le monde essaie de manœuvrer plus vite que les autres, de sorte que les embouteillages sont généralement résolus très soigneusement par eux-mêmes. J’aime particulièrement les moments où il pleut, lorsque je suis assis sur une moto nautique au niveau des genoux, sentant parfois un poisson toucher ma jambe. Je n’ai jamais vu une ville si proche de la nature. Il y a eu des rumeurs selon lesquelles lorsque la ville était sur la rivière, beaucoup de gens rentraient du travail, n'ayant besoin que de secouer la jambe pour faire tomber un demi-kilogramme de poisson, sans avoir besoin de les acheter au marché. Les plus chanceux peuvent même attraper l'anguille. Et les grenouilles sont innombrables. Mais ce n’est pas la peine de compter les grenouilles!

Les souvenirs les plus profonds peuvent se produire très spontanément à Hanoi, très soudainement, d’une manière quotidienne lorsque nous allons au restaurant. Hanoï a de nombreux restaurants, et il y a beaucoup de mets délicieux, minutieusement transformés, transmis de génération en génération.

Si en Europe, il faut faire la réservation, à Hanoi il suffit de se préparer mentalement. Dans ces restaurants, l'argent ne vaut rien, ni les sièges, ni les convives mais la patronne est tout. Elle peut être souriante (ce qui est assez rare), elle peut gronder les convives (ce qui est assez souvent). Les clients ne sont pas vexés car s’ils ne mangent pas, ils se barrent pour laisser la place aux autres.

Tous ces détails prouvent que la cuisine de Hanoi est extrêmement délicate et délicieuse. Elle est si subtile que pour en profiter, les clients sont prêts à sacrifier leur argent, leur temps, leur énergie et parfois leur honneur. La cuisine de Hanoi a transcendé les valeurs ordinaires, devenant si sacrée que tout ce qui se trouve à côté est devenu trivial.

Si à Paris, après un repas, nous commandions deux tasses de café, alors à Hanoï, nous pouvons aller au pub ‘’thé au citron pour le bavardage’’. Ce qui est extraordinaire, c'est que l'eau ne contient ni thé ni citron, même le diable ne le sait pas, mais tous ceux qui en boivent,  balancent leurs mains en l'air sur le trottoir, faisant se disperser les moustiques. Dans ces salons de thé au citron, si je leur dis que je suis le président de la France, il y aura des gens qui croiront et s’ils ne croient pas, personne ne se moque de moi car ici tout le monde a une position élevée ou connait quelqu'un bien placé…

En bref, après une journée de marche, de conduite, de découverte de la nourriture et de bavardage, je trouve que la vie est jeune, énergique et vibrante à Hanoï. Et je pense que j’ai du mal à quitter cette ville, je l'aime depuis, comme une fille mignonne, sympathique, prétentieuse, à la fois innocente et destructrice, à la fois coquine et renfrognée mais extrêmement charmante.

J'espère que tu vas tout abandonner pour venir avec moi, et nous allons nous tenir la main sous les arbres de pancovier à Hanoi (le nom d’arbre qui produit les fruits aigres douces) de sorte que ces fruits tombent dans les cheveux.

(Traduit par Guide du Vietnam depuis Facebook)

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